Friday, 1 August 2008

The diving suit and the butterfly

Viola, un livre joliment écrit, qui me motive pour écrire en français.

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Derrière le rideau de toile mitée une clarté laiteuse annonce l'approche du petit matin. Behind the moth-eaten curtain, a milky brightness announces the approach of the early morning. J'ai mal aux talons, la tête comme une enclume, et une sorte de scaphandre qui m'enserre tout le corps.
i have pain in the heels, my head feels like an anvil and a kind of diving suit encloses all over my body. Ma chambre sort doucement de la pénombre. My room fades slowly into the twilight. Je regarde en détail les photos des êtres chers, les dessins d'enfants, les affiches, le petit cycliste en fer blanc envoyé par un copain la veille de Paris-Roubais, et la potence qui surplombe le lit où je suis incrusté depuis six mois comme un bernand-lérmite sur son rocher. I look in detail at the photos of the loved ones, children's drawings, the posters, the small white iron cyclist sent by a friend the day before Paris-Roubais, and the gallows which overhangs the bed where I am inlaid for six months as a bernand-lérmite on its rock.
Pas besoin de réfléchir long temps pour savoir où je suis et me rappeler que ma vie a basculé le vendredi 8 décembre de l'an passé. No need to think for a long time to know where I am and remind myself that my life changed Friday, December 8 of last year.

Jusqu'alors, je n'avais jamais entendu parler du tronc cérébral. Ce jour-là, j'ai découvert de plein foucet cette piéce maîtresse de notre ordinateur de bord, passage obligé entre le cerveau et les terminaisons nerveuses, quand un accident cardiovasculaire a mis ledit tronc hors circuit. Autrefois, on applelait cela et on en mourait en toute simplicité. Le progrès des techniques de réanimation a sophistiqué la punition. On en réchappe mais flanqué de ce que la médecine anglo-saxonne a justement baptisé le locked-in syndrome: paralysé de la tête aux pieds, le patient est enfermé à l'intérieur de lui-même avec l'esprit intact et les battements de sa paupière gauche pour tout moyen de communication.

Bien sûr, le principal intéressé est le dernier mis au courant de ces gracieusetés. Pour ma part, jái eu droit à vingt jours de coma et quelques semaines de brouillard avant de réaliser vraiment l'etendue des dégâts. Je n'ai tout à fait émergé que fin janvier dans cette chambre 119 de l'Hôpital maritime de Berck où pénètrent maintenant les premières lueurs de l'aube.